Petit billet bonus ! Samedi 5 août Le matin, nous nous réveillons dans un vrai lit et sans la perspective de 12h de marche ! Nous fêtons tout ça par un petit-déjeuner puis un repas copieux, avec un cocktail et tout et tout ! Nous nous disons qu’il va quand même falloir freiner notre rythme en sodas et chocolateries (l’essentiel de notre alimentation sur le GR20). Mais pas forcément aujourd’hui, ahah !
Nous passons la journée sur le transat, et profitons un peu de l’eau.
Nous sommes trop fatigués pour faire quoi que ce soit de productif – à part commencer à trier les photos (globalement celles que vous avez vu ici !) et continuer à lire le roman que Michaël avait pris – histoire de tout rentabiliser !
Le soir, après une journée si reposante, nous n’avons pas très faim. Nous prenons 2 crêpes… et Mathilde ne mange pas, car elle ne se sent pas très bien.
Nous pouvons commencer à dater ici les désagréments digestifs probablement liés à notre court séjour à Asinau.
Dimanche 6 août au mardi 8 août
Dès le dimanche matin, nous sommes malades tous les deux, et notre état s’améliore progressivement jusqu’au mardi soir (Mathilde un peu plus rapidement). Nous mangeons en général un plat pour deux (une salade ou une pizza pour deux, une assiette de fruits…). Ce voyage en Corse ne nous aura pas coûté très cher quant aux logements ou à l’alimentation !
Le reste du temps, nous ne faisons pas grand-chose : nous nous traînons de la villa au transat, du transat au restaurant, du restaurant à la villa… Nous allons un peu sur internet tous les deux ; Michaël joue à Mario Run, trie un peu les photos, lit quelques pages, patauge parfois dans la piscine (Mathilde aussi un peu), mais c’est vraiment le minimum en temps normal et le maximum dans notre état !
Le mardi, nous faisons une lessive pour nos vêtements du GR20, histoire que nos sacs soient acceptés dans l’avion de retour.
Mercredi 9 août
C’est notre dernier jour et nous commençons à aller mieux, nous décidons d’explorer un peu l’environnement et allons au Ranch’O Plage à Calla Rossa pour 11h. Il s’agit d’une belle plage sur la partie nord du port de Porto-Vecchio – ville que nous découvrirons uniquement en taxi en allant jusqu’à Figari. A l’aéroport, nous nous achetons 2 T-Shirts GR20 en souvenir – les seuls, à part 4 cailloux (le meilleur souvenir du GR20 est forcément un caillou) et 2 cartes postales. Notre avion a du retard ; jaloux, notre train l’imite. A l’aéroport, les bâtons de marche de Michaël ne sont plus attachés à sac (EasyJet, contrairement à AirFrance, n’emballe pas les sacs de randonnée – ça craint !)… Finalement, Mathilde les aperçoit : ils ont été replacés au-dessus de son sac ! Nous arrivons à Lille vers 22h30… et notre (reposant et romantique) voyage de noces s’achève ici !
Ce diaporama nécessite JavaScript.
D’après les guides, qu’on adore désormais… Pas d’étape supplémentaire : Vous avez fini de lire ! Ce blog ne touche aucune subvention d’une entreprise de soda à canette rouge malgré le nombre d’occurrences sur les photos. Merci d’avoir suivi notre petite épopée sur l’île de Beauté ! 🙂
Vendredi 4 août Le vent a soufflé jusqu’au petit matin et la tente était installée à moitié en pente : bref, nous avons encore passé une merveilleuse nuit, un peu fraîche, tellement réparatrice qu’il ne nous apparait pas utile d’insister au-delà de 5h45.
Après la traditionnelle demi-heure de repli des bagages (avant qu’ils ne s’envolent), nous retrouvons les mouches de la tente pour le petit-déjeuner, et nous nous mettons en route vers 6h40. La qualité de cette nuit nous incite à aller le plus vite possible à l’hôtel, et donc d’essayer de reproduire l’exploit de la veille : doubler une étape…
La quinzième consiste en une longue descente de 1500m à 1000m, mais avec plusieurs « rebonds » jusqu’à 1200m (au total, nous avons 840m de dénivelé positif pour une étape qui est censée commencer à nous ramener vers la ville !) Pour nous aider moralement, le premier panneau indique que « Foce di Bavedda » est à 3h de route (il est 7h14) et le suivant nous l’indique à 4h (il est 8h29). A priori, nous avons donc pris l’itinéraire long… Peu à peu, l’eau nous manque et nous utilisons une pastille de purification après avoir pris de l’eau à une source (seul Michaël en boit un peu).
Nous arrivons vers 12h15 au restaurant des Aiguilles de Bavella, sur un site touristique, où nous prenons une bonne assiette de spaghettis à la bavera (tous les repas du soir que nous avons eu étaient à base de pâtes, ça a un côté très italien qui n’est pas pour nous déplaire !) Nous prenons également 2 crêpes au nutella en dessert, parce que c’est évidemment un plat idéal avant de faire un semi-marathon. Nous sommes parmi les très rares randonneurs du GR20, perdus dans une foule de touristes et promeneurs : nous avons un peu l’impression que quelqu’un a fait un cinq ou un huit et nous a délivré de Jumanji…
Nous repartons plus d’une heure plus tard – rechargés en eau des sanitaires donc ! – et arrivons au dernier refuge à 15h30 : Paliri. Ils ont nettoyé leur cuve à eau le matin donc ils n’ont plus de douche ni de source – il reste un tuyau à petit débit où nous pouvons refaire à nouveau le plein en eau, canicule oblige. Nous faisons une pause pour le goûter et nous posons la question de faire la dernière étape…
Mathilde se dit : « Ne t’inquiète pas pour le lendemain, à chaque jour suffit sa peine » ; Michaël pense : « Ce qui sera fait aujourd’hui ne sera plus à faire demain ». Les deux idées sont difficiles à associer !
Nous décidons de repartir, malgré l’heure avancée : encore une fois, nous avons déjà raté la nuit d’hôtel hier soir, et le GR20 commence à se fermer derrière nous (nous craignons de ne plus pouvoir partir si on attend encore). Normalement la dernière étape est fermée à cause de la canicule, mais à cette heure-ci, le soleil tape moins donc nous pouvons y aller…
– Mais vous avez du courage, moi je ne le ferais pas… (nous dit l’employé du refuge).
– Et c’est facile comme on imagine la dernière étape ? C’est tout en descente normalement… Je veux dire, il n’y a plus de cailloux ou de trucs comme ça ? (demande Michaël, plein d’espoir).
– Eh si mon gars ! Ca se mérite, le GR20 ! Il y a toujours des cailloux ! Jusqu’au bout !
Après le départ pour la seizième et dernière étape à 16h25, nous appelons l’hôtel Kilina pour les prévenir de notre arrivée nocturne (21h30 au mieux à Conca, donc 22h à l’hôtel) – la chambre sera ouverte et une enveloppe nous attendra sur la porte de l’accueil.
L’étape débute assez facilement, mais elle comporte encore quelques montées raides un peu inattendues – comme nous l’annonce un couple qui monte à Paliri (par exemple au 4ème kilomètre, nous remontons à notre altitude de 1000m, puis ce sont des petits dénivelés de 20-30m qui se succèdent et nous épuisent les jambes et le moral…)
Par la suite, les courts plateaux enchaînent avec les descentes sur des cailloux, des rochers, des pierres, et tout ce qui nécessite d’être vigilant quand on porte un sac de plus de 10 kg. Mathilde a de plus en plus mal dans les descentes et reste prudente (comme Michaël à J6) : nous avançons donc lentement. Après avoir écouté les playlists du téléphone de Michaël les deux jours précédents (une idée efficace pour se redonner de la force quand nous étions épuisés !), nous attaquons celle de Mathilde. A 20h, nous sommes à 691m, à 4,5 km de Conca à vol d’oiseau… Une petite heure plus tard, nous commençons à allumer nos lampes frontales.
Vers 21h30, à l’heure prévue d’arrivée, nous sommes encore en pleine descente, a priori à 1h du bout… Michaël commence à appeler plusieurs numéros de taxis : aucun n’est disponible pour une course vers 23h de Conca à Porto-Vecchio ! Gloups… Tout ça pour dormir à Conca ?! Alors que nous sommes encore autour de 500m d’altitude, le moral de Mathilde fait déjà de l’apnée dans la Méditerranée.
Finalement, après 5-6 appels, nous obtenons le numéro de téléphone de Mathieu, un chauffeur de taxi Corse qui bosse parfois les nuits. Il accepte de nous conduire à l’hôtel…
Bien… Le dernier problème reste donc de finir le GR20 ! La dernière heure reste pénible jusqu’au bout. Nous traversons enfin la Bocca d’Usciolu à 22h et voyons la ville en contrebas ! Une demi heure plus tard, nous arrivons enfin sur la route départementale de Conca. Et… et c’est tout ? Aucune banderole pour nous accueillir ? Où est le panneau de félicitations que nous avons vu sur le Facebook d’un ami qui l’a fini l’été dernier ?!
Mais nous ne sommes pas encore perdus… Il reste des marques blanches et rouges ! Tels deux lemmings, nous poursuivons sans fin sur la route indiquée… Pendant 20 minutes, nous serpentons littéralement à travers la ville, passons près d’un restaurant « Soleil Levant », autour de l’église, dans la moitié des rues de la ville… C’est une fin particulièrement étrange, puis les marques s’arrêtent. Et nous arrivons au gîte d’étape de Conca.
– Cliente : Vous avez fait le GR20 ?
– Nous (en fait Michaël, Mathilde était assise) : Oui !
– Client : Depuis Vizzavona ?
– Nous : Non, depuis Calenzana !
– Cliente : Ah, en entier ! C’est bien, ça ! Bravo ! Vous devez être contents… Et en combien de jours ?
– Nous : 11 jours…
– Cliente : Bravo ! Reposez-vous bien !
Tu m’étonnes !
Après avoir demandé une dizaine de fois à Mathilde si elle en voulait un, Michaël va s’acheter un Coca-Cola (c’est moins cher ici que sur les étapes du Sud, elles-mêmes moins chères qu’au Nord…) Il en profite pour demander à la barmaid où est le panneau d’arrivée, celui qui dit « vous avez parcouru environ 180 km » (193 km selon le GPS de Mathilde, 251 selon celui de Michaël qui semble posséder des gènes marseillais).
– Ah le panneau d’arrivée ! Vous l’avez raté : il est sur un des murs du « Soleil Levant ».
Bon, tant pis… Cinq minutes de marche aller-retour, c’est un peu trop pour une photo ! Nous en faisons quelques-unes, assis piteusement avec nos lampes frontales sur le parking du gîte.
Nous avons fini le GR20… Ca y est !
Le taxi arrive vers 23h15. Il nous félicite et nous nous excusons pour notre état… « C’est pas grave, ça se nettoie les sièges ! » nous répond-il. Il s’étonne que nous ayons fini le GR20 car il a entendu dire qu’il était fermé intégralement et qu’il y avait des évacuations dans tous les sens…
25 minutes plus tard et pour à peine plus cher que le taxi à l’aller (45€), nous arrivons à l’hôtel Kilina. Sa piscine et ses lumières bleues nous promettent un beau séjour…
Notre appartement nous attend… forcément tout au bout du parc !
Après une bonne douche, nous massons ces jambes et pieds qui ont parcouru plus de 30 km aujourd’hui – la plus longue distance du GR20. Nous avons réussi à doubler une étape, deux fois de suite… Et ce soir, nous dormons dans un vrai matelas ; Mathilde est contente et remercie Michaël d’avoir insisté pour finir, malgré tout. Aucun vent à l’extérieur, pas de cailloux sous notre dos. Eh bien, vous savez quoi ?
On a bien dormi.
Ce diaporama nécessite JavaScript.
D’après les guides que nous aimons bien un peu finalement… Etape 15 : d’Asinau (1540m) à Paliri (1050m) : 840m de dénivelé (1300m de descente) sur 15,7 km, prévu en 6h
Etape 16 : de Paliri (1050m) à Conca (225m) : 530m de dénivelé (1320m de descente) sur 14 km, prévu en 5h30
Jeudi 3 août
Cette double étape est sans nulle doute la plus difficile du Sud, car la plus longue. Comme nous le disons depuis le début, nous avions 3 guides à disposition :
le classique topo-guide (Fédération française de Randonnée) qui fait le GR20 en 16 jours : il coupe cette étape à A Matalza ;
le guide « GR20 : le grand chemin » (Albiana), un peu plus littéraire avec des photos de faune et flore qui finit le GR20 en 15 jours et double cette étape ;
enfin, nous avons pris en photo les relevés de dénivelés dans « le guide du GR20 » (Clémentine Evasion) qui tronçonne le GR20 en 16 étapes et arrête celle du jour à I Croci.
Nous pouvons partir et nous laissons derrière nous (sur notre droite) les feux de forêt qui sont contenus à deux endroits mais s’étendent vers le Nord, et ne pourront pas être éteints avant plusieurs jours. Dans les pins, les incendies se disséminent rapidement et peuvent sauter de plusieurs centaines de mètres au gré du vent et des projections de pommes de pin ! Au total, il y aura eu 38 incendies en Corse (souvent par malveillance) entre notre départ et notre retour – sans compter ceux encore actifs déclenchés avant…
Au début du parcours, nous rencontrons des randonneurs qui viennent du Sud et ont dû faire demi-tour hier (il ne leur a pas été autorisé d’aller jusqu’à Usciolu)… Ils savent qu’ils resteront bloqués là car les étapes suivantes sont fermées pour quelques jours.
L’étape commence sur des crêtes pendant 4 km, avec des passages particulièrement techniques qui nous rappellent un peu les premiers jours… Au pied d’une falaise, Michaël trouve des lunettes de soleil.
Une fois le passage en crêtes passé, nous descendons vers 1300m jusqu’aux bergeries de Bassetta, près d’A Matalza. C’est l’occasion de s’arrêter de 13h à 13h45 pour manger un bon repas et discuter avec un sympathique berger, qui s’intéresse à notre parcours. De façon amusante, l’autre responsable du gîte-restaurant ne connait pas bien le GR20 (il n’y a qu’une petite vingtaine de lieux où s’arrêter pour le sentier, donc on imagine à tord que tous ceux qui en vivent le connaissent par coeur !)
Nous repartons en direction d’I Croci où nous arrivons vers 15h20, après un parcours assez agréable. Michaël montre les lunettes de soleil récupérées, mais le propriétaire n’est pas là. Le responsable du site dit que ça serait peut-être à quelqu’un venu la veille et qui serait donc plutôt parti vers le nord à Usciolu (on s’en fiche un peu, mais c’est juste pour que vous compreniez pourquoi j’ai 2 paires de lunettes de soleil sur les photos !)… Le même responsable, en nous vendant 2 Ice Tea, nous met en garde…
– Vous devriez rester ici…
– Oui, mais nous avons un hôtel réservé à partir d…
– C’est la canicule, ça tape encore fort à 16h !
– Oui, mais l’hôt…
– Le refuge d’Asinau a brûlé il y a quelques années, il ne reste plus que des tentes…
Malgré tout, nous avons envie de finir ce GR20 pour enfin mettre nos pieds dans la piscine de l’hôtel Kilina ! Nous en avons d’ailleurs appelé la réception le matin, pour leur signaler que nous ne serions pas là ce soir, mais que nous arriverions sans doute demain soir (bel optimisme !) ou samedi matin – « merci de nous garder notre réservation » ! Nous avons d’ailleurs profité du réseau téléphonique pour envoyer un message d’anniversaire à Brian (comme hier nous avions souhaité l’anniversaire de mariage d’Alain et Cécile, et appelé nos parents, histoire de rester en contact avec la civilisation !)
Nous repartons donc à 15h50 pour l’étape 14 qui monte de 1545m à 2025m en 5,5 km (encore une pente à 10° donc) annoncés en 2h30 sur les panneaux indicateurs. Cette première partie est assez plate et agréable. Nous croisons un randonneur qui cherche ses amis et nous demande de les guider le cas échéant… Nous les voyons 30 minutes plus tard, et leur parlons. En échange de notre information, ils nous révèlent les plus grands secrets d’Asinau…
– Ne prenez pas d’eau à Asinau ! Si vous en prenez, mettez des pastilles de décontamination… Vous en avez ?
– Euh, non…
– Tenez, prenez-en. Il faut laisser 30 minutes agir. Mais surtout, surtout, ne prenez pas d’eau ! Tous ceux qui en ont bu chient vert depuis.
Je reprends leurs mots, je suis désolé… La montée au-delà des 1800m est comme toujours plus ardue, avec des gros cailloux, des passages plus raides.
Néanmoins, pile dans les temps malgré nos petites pauses alimentaires ou digestives (c’est dur de marcher après la bergerie), nous arrivons au col Bocca Stazzunara à 18h20 – le dernier sommet de plus de 2000m du GR20 ! De là, nous avons la possibilité de monter à l’Alcudina (2134m), le plus haut sommet de la Corse-du-Sud ; toutefois, comme pour le Monte Cintu (2706m) en Haute-Corse, nous savons résister à ce genre de petits plaisirs, merci pour la proposition.
Il nous reste ensuite 1,8 km pour redescendre à 1540m (soit plus de 25°, la moitié du taux d’alcool dans les boissons consommées quotidiennement par les concepteurs du parcours).
Moralement, cette dernière partie est un peu compliquée car :
tout le monde nous a dit que la descente était raide et difficile,
nous voyons le refuge depuis le sommet (comme souvent, et c’est dur de le voir si près et si loin…)
le guide nous indique 1h de descente, le panneau indicateur 1h30… vous verrez sur les photos où nous en sommes à 1h30 !
nous croisons plusieurs randonneurs qui ont fait la montée en 1h30 et nous descendons maintenant moins vite que nous montons ;
ces randonneurs nous disent qu’ils sont partis tard d’Asinau dans l’espoir de rejoindre I Croci, car « ils ne veulent pas rester dormir là », ce qui commence à faire beaucoup pour un seul site.
Comme attendu, la dernière descente est donc particulièrement difficile pour les pieds et pour le moral.
– Mathilde (en s’asseyant dans une pente à 25°) : « Ca fait 1h30 qu’on marche et on est encore super loin ! Je m’en fiche, je m’arrête là. »
– Michaël : « On ne peut pas mettre la tente ici… »
– Mathilde : « Je me mets dans le sac de couchage et je finirai demain ! Et il est hors de question qu’on double demain ! »
Une fois la fatigue surmontée temporairement, nous nous remettons en marche et arrivons au refuge à 20h20 après plus de 20 km (22 km selon le tracé, 21 km selon le GPS de Mathilde et 25 km selon celui de Michaël…) – soit notre 2ème plus longue distance après le 1er août (où nous en avions fait 7 de plus environ) ! L’étape 14 n’aura duré que 4h30 sur les 4h annoncées sur les panneaux, ça n’est pas si mal finalement !
Comme attendu, le lieu n’est pas étoilé au guide Michelin et un hygiéniste ne tiendrait pas 10 minutes avant de fuir en courant. Contrairement à ce qu’on avait compris, le gardien est toutefois sympa et accepte de nous préparer un repas du soir rien que pour nous…
La douche ne nous inspire pas confiance donc nous décidons de passer notre tour. Nous avons gardé un peu d’eau depuis I Croci, donc nous ne rechargeons ni nos gourdes ni nos poches à eau pour éviter d’être malades – il ne manquerait plus que ça pour valider toutes les cases de « pire voyage de noces de tous les temps », ahah !
A Asinau, trouver un emplacement a aussi été le dernier défi de la journée : là encore, nous avons eu la chance de trouver un lieu particulièrement proche de déjections canines, étrangement délaissé par les autres randonneurs. Le vent souffle, et il est déjà difficile de monter la tente… ça promet pour la nuit ! Avec un peu de chance, ce sera la dernière sous la tente… mais ça, vous le saurez demain !
Ce diaporama nécessite JavaScript.
D’après les guides, dont 2 séparaient les étapes, et le troisième les réunissait Etape 13 : d’Usciolu (1745m) à I Croci (1545m) : 790m de dénivelé (990m de descente) sur 14,7 km, prévu en 6h
Etape 14 : d’I Croci (1545m) à Asinau (1540m) : 550m de dénivelé (560m de descente) sur 7,3 km, prévu en 3h30
Mercredi 2 août
Le rendez-vous pour le petit-déjeuner est à 7h, non négociable. Nous nous levons un peu plus tôt, avec le rituel habituel :
« gzzrslprigervin, qu’est-ce qu’on fait là ? Il est trop tôôôôôôôt ! «
Mathilde ouvre la tente et met ses affaires à l’extérieur (chaussures, bâtons, sac à dos, sac de couchage, matelas…)
Michaël émerge 5 minutes après, récupère ses lunettes en équilibre sur son sac pour éviter de les casser, range le chargeur externe, enfile un vêtement un peu chaud, remets les chaussettes de la veille en se disant qu’il serait peut-être temps de permuter avec une des deux autres paires, et sors ses affaires comme Mathilde,
Mathilde roule les sacs de couchages et matelas ; Michaël replie la tente ; tous deux tentent de les ranger dans leurs emballages respectifs, et Michaël arrache de plus en plus la toile du sac (qui avait été abîmé lors d’une descente facile à J6)…
Pendant ce temps, les sacs chutent invariablement dans le sable ou la terre, et deviennent très poussiéreux. Afin d’éviter de salir nos sacs de couchage, nous nous douchons le soir (hors bivouac) ; mais en pratique, après avoir rangé les affaires et avoir mis notre sac sur le dos, nous sommes déjà moins propres à 7h du matin ici que si nous avions une coupure d’eau pendant 1 semaine chez nous…
Après le petit-déjeuner commun, nous grimpons d’environ 500 mètres pour arriver au refuge de Prati, un peu avant 10h. Nous achetons notre repas du midi (salades et snickers) et nous nous asseyons quelques minutes.
Mathilde boit un jus d’orange pour compléter le petit-déj’, et Michaël un Coca-cola qu’il a brillamment réussi à faire tomber sur un rocher, et qui fuit donc par le côté. Bien sûr, il s’agit d’un Coca « normal » : il n’est question ni de light ni de zéro sur le GR20 – sentier où les muscles brûlent tellement de sucres que les randonneurs suent du caramel. Pour accompagner nos boissons, Michaël finit la plaque de crunch de la veille et Mathilde finit pour son goûter de 10h le fromage croûteux de son énorme sandwich (elle jette le pain et probablement que plusieurs oiseaux se sont cassés le bec dessus ensuite). Nous coupons peu à peu les liens avec une hygiène de vie normale.
Nous enchaînons avec la 12ème étape, en direction d’Usciolu – pour une fois en partant tôt ! A partir de 11h, nous montons de 1812m à 2041m, puis descendons à 1500m, puis remontons à 1954m pour redescendre à 1700m… Bref, ils ne savent pas ce qu’ils veulent ! Nous passons par des passages en crêtes qui sont parfois délicats pour l’équilibre et indélicats pour les pieds.
Vers 16h30, lors d’une pause, Mathilde trouve que le nuage de fumées sur notre gauche à des couleurs étranges… qui lui rappellent étrangement celles de notre arrivée (incendie de Biguglia du 24 juillet) ! Nous avançons un peu et voyons un feu qui se déclare à quelques petits kilomètres en contrebas (Afa ou Appietto). Craignant l’expansion du feu vers nous, Mathilde accélère (autant que possible) et nous ne faisons quasiment plus de pause en poursuivant notre parcours en crête. Ca reste sans réel danger pour nous : nous sommes en hauteur sur des cailloux (sans arbre donc !) et nous changeons de versant dans le sens de l’éloignement par rapport au feu.
Nous voyons les avions bombardiers d’eau (Canadair) tenter de circonscrire le feu, ce qui semble bien difficile… Plusieurs hélicoptères passent également à proximité, et semblent observer où nous en sommes et où nous allons (des randonneurs entre Prati et Usciolu – plus bas que nous – ont été évacués ce jour-là…)
Finalement, nous avons bien fait de « forcer » à plusieurs reprises, et repartir tôt ce matin… si nous avions avancé un peu moins rapidement, c’était fini pour nous le GR20. Nous pensons aussi à ceux qui sont restés derrière nous malgré leur meilleur pas (comme le gars du Monte Cintu, ou ceux du GR5 qui poursuivaient avec leur fille après Vizzavona) ; tous ont dû être bloqués et éventuellement évacués… Evidemment, c’est un peu anecdotique par rapport au désastre de ces incendies criminels, mais ça reste vraiment dommage pour les randonneurs.
Nous voici donc soulagés d’être de l’autre côté du feu, pour pouvoir poursuivre la randonnée qui nous fait quand même un peu souffrir… Quelle ambivalence !
Nous arrivons à 18h30 au refuge d’Usciolu, juste à temps pour acheter 2 assiettes du repas commun de pâtes aux carottes (ils avaient heureusement prévu plus que ce qui avait été commandé)… Après neuf jours de marche intensive, c’est donc notre premier repas pris un soir dans un refuge en même temps que les autres randonneurs ! Ils discutent bien sûr de l’incendie, plus comme une rumeur qu’autre chose, car nous n’avons pas vraiment d’informations… A priori, nous sommes ceux qui l’ont vu de plus proche d’ailleurs, la plupart étant déjà au refuge vers 16-17h.
Nous allons ensuite chercher une place pour notre tente, et comme d’habitude c’est compliqué… Nous tournons un peu dans le « terrain de camping », qui pourrait être un circuit de randonnée pour alpiniste dans tout autre département mais qui s’appelle ici de façon exotique « zone de bivouac ». Nous avons le choix entre une presque-place proche d’excréments d’animaux (on espère en tout cas), et une non-place inclinée à 5° au milieu du chemin et à côté des sanitaires. Face à ce choix royal, nous optons pour la seconde place.
D’habitude, nous arrivons plus tardivement : quand les randonneurs se douchent, nous mangeons et quand ils dorment, nous nous douchons… Cette fois, comme à l’Onda, nous devons faire la queue pour se laver à l’eau froide ! Nous en profitons pour parler avec deux jeunes qui font le circuit depuis le Sud. Ils se sont trop chargés apparemment (l’un a embarqué plusieurs « Harry Potter » et une caméra), et l’ont commencé comme nous, sans trop se rendre compte dans quoi ils s’engageaient !
Ils nous interrogent sur d’où on vient et en combien de temps (12 étapes en 9 jours : « costaud… » nous disent-ils), et bien sûr sur le parcours… Nous en avons croisés régulièrement, des randonneurs venus du Sud : quand nous avons commencé, ils finissaient, avaient l’air assez épuisés, et nous avions hâte d’être à leur stade… et plus nous avançons, plus le schéma s’inverse, forcément ! Cette fois, ce sont eux qui nous envient et nous posent plus de questions !
Nous en posons aussi sur la suite du parcours, mais plus nous avançons et plus nous nous rendons compte qu’il n’y a pas d’étapes faciles : la technicité diminue mais les étapes sont plus longues et nous sommes surtout plus fatigués…
Les deux jeunes randonneurs espèrent faire le GR20 en 11 jours… Nous leur disons que c’est également notre projet car nous comptons faire les 4 dernières en 2 jours… Mathilde n’y croit pas, et ne veut pas doubler la dernière.
Elle a raison : nous devrions peut-être nous rappeler que nous n’avons jamais réussi à doubler une seule étape…
Ce diaporama nécessite JavaScript.
D’après les guides que nous hésitons de plus en plus à ouvrir par crainte de voir que nous sommes plus proches du départ qu’espéré… Etape 11 : de E Capanelle (1630m) à Prati (1812m) : 1100m de dénivelé (880m de descente) sur 18,1 km, prévu en 6h30
Etape 12 : de Prati (1812m) à Usciolu (1745m) : 1040m de dénivelé (1130m de descente) sur 11,5 km, prévu en 5h45 également