Samedi 29 juillet
Oui, donc voilà, nous le confirmons ici pour ceux qui doutaient encore : une nuit à l’hôtel, ça repose mieux qu’une nuit allongée entre des cailloux acérés et un vent violent !
C’est donc requinqués que nous partons en direction du refuge de Manganu. Comme toujours, l’étape comporte son lot de difficultés ; néanmoins, c’est surtout la longueur qui nous casse les jambes aujourd’hui. Dans la matinée, nous retrouvons pour la dernière fois les « randonneurs joviaux » qui ont gentiment éclaté de rire lorsqu’ils avaient appris que c’était notre voyage de noces – ils nous en reparlent près de l’oratoire pris en photo lorsqu’on les croise, pour nous demander qui a eu l’idée… « On ne sait pas, les deux en même temps ! »
Un peu plus loin, nous précédons un cheval (et son accompagnateur), et nous réussissons à leur faire se tromper de chemin pendant 200 mètres environ…
Nous nous arrêtons vers 12h au lac de Nino (1743m), comme le cheval, de nombreux randonneurs et promeneurs. Un d’entre eux nous emprunte notre topo-guide pour choisir leur destination, à lui et aux 5-6 enfants qui l’accompagnent. Il nous explique que le lac est accessible par deux endroits de la route départementale croisée hier : soit Castel di Vergio comme nous (GR20), soit depuis une maison forestière à 8 km de là, d’où ils viennent. Pour éviter de faire demi-tour, ils vont plutôt aller à Castel di Vergio et ils y feront du stop pour retourner à leur point de départ. (Ca peut sembler curieux de lire ça, mais il parait qu’en Corse, le stop est un mode de transport assez répandu…)
Après notre pique-nique près du lac (saladière et twix, le repas des champions), nous repartons à 13h. Au niveau d’une bergerie, nous croisons un cheval attiré par l’odeur de notre sac poubelle (les huiles de saladières sans doute)… Il envisage clairement de nous suivre, à Manganu et peut-être même plus loin – hélas, nous n’avons pas de réseau téléphonique et nous ne pouvons pas appeler EasyJet pour savoir s’il reste de la place au retour pour un cheval supplémentaire…
Nous finissons donc l’étape jusqu’à Manganu, où nous arrivons à 15h. De 14h à 15h, il y a débat : Michaël veut poursuivre après, Mathilde ne veut plus entendre parler de « doubler », parce qu’on n’y arrive pas, et qu’il y en a un peu marre de déambuler comme des manchots perdus loin de leur la banquise jusqu’au bout de la soirée pour finalement se faire dépasser le lendemain par des randonneurs qui se sont arrêtés en fin de matinée la veille… C’est pas faux.
De toute façon, il est déjà clair que doubler l’étape ne sera pas possible : le refuge suivant, Petra Piana, est à 9,2 km – soit 5h de marche selon le guide, et nous sommes déjà bien entamés…
En arrivant au refuge à 15h donc, nous sommes plutôt d’avis d’y rester. Nous buvons un thé glacé, le temps de poursuivre notre réflexion. Un randonneur anglais nous emprunte notre briquet (celui qui a servi pour les feux d’artifice du mariage d’ailleurs :D), pour brûler un bout de corde. Sur la table à côté, d’autres randonneurs « tapent le carton » en jouant au Président. L’environnement est joli.
Nous retirons le « mode avion » de notre téléphone pour voir si nous captons… Toujours pas ! En fait, nous n’avons capté qu’à un seul endroit pour l’instant : la première nuit. Mais nous n’avions appelé personne, pour éviter de dire « coucou, tout va bien, nous sommes à une étape et demi, là nous bivouaquons sur un endroit interdit en pleine montagne et apparemment la première étape était bloquée à cause des incendies ; on vous rappellera dans 1 semaine peut-être si on capte, bisous, dormez bien ».
Après une petite heure de repos au refuge et une grande hésitation, nous nous remettons en marche vers 16h. Il est encore un peu tôt dans la journée, mais nous pouvons avancer de 3-4 heures sur l’étape suivante. Nous sommes résignés à bivouaquer – au moins cette fois, nous le préparons et achetons un petit repas pour ce soir (saladières, pom’potes, et même des Pringles parce que c’est quand même notre voyage de noces).
Des randonneurs aguerris nous redoubleront demain sans nul doute, mais ce qui sera fait pour nous ne sera plus à faire ! Nous sommes lents par rapport aux guides et à la plupart des autres randonneurs engagés sur le GR20 (ou pour le GR20 Nord) ; il faut marcher sans arrêt pour pouvoir espérer profiter un peu de l’hôtel à Porto-Vecchio. Nous savons déjà que nous ne pourrons pas aller à celui de Conca le mercredi…
Bref, telles deux tortues laissant les lièvres jouer au Président ou brûler des cordes, nous escaladons (littéralement) les sommets au-dessus de Manganu. Ce début d’étape est raide, puis devient plus raide, jusqu’à devenir follement raide. Nous sommes sur un terrain qui pourrait rivaliser avec le « granit rose » de la 2ème étape ou les éboulis de la 4ème (ou encore la tentative de grimper hors piste, lorsque nous nous étions perdus en randonnée dans les Alpes l’année précédente, avec Laurent et la maman de Michaël…)
Au moment où l’étape est entre « plus raide » et « follement raide », le téléphone de Michaël vibre… Helline vient d’envoyer un message pour annoncer des soldes à La Redoute (j’avais oublié de repasser en mode avion) ! En plein milieu des cailloux donc, vers 18h40, nous captons… et appelons nos parents pour prendre de leurs nouvelles (mais ils ne nous diraient rien de toute façon… ;-)) et leur dire que nous avons survécu aux 6 premières étapes, dont a priori les 3 pires du parcours. C’est du moins ce qu’on espère…
Mine de rien, parler à notre famille nous redonne sûrement un peu de moral, bienvenu avant d’attaquer l’escalade dans les cailloux avant la brèche de Capitello. Nous nous arrêtons juste après, sur une zone de bivouac aménagée, vers 20h. La vue est magnifique, juste au-dessus des lacs de Capitellu et de Melo.
Nous en sommes donc à 6,5 étapes en 5 jours ! Michaël commence à souffrir des quadriceps (tendinite du vaste interne) et Mathilde a depuis longtemps des cloques sur les deux pieds. Arriverons-nous en un seul morceau à Petra Piana ? Poursuivrons-nous vers le 8ème refuge ? Dormirons-nous encore loin des refuges les nuits suivantes ? Vous le saurez en lisant le billet de demain !
D’après les guides qui se copient l’un l’autre alors que ça n’est pas beau de tricher
Etape 6 : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.
Etape 7 (en cours) : de Manganu (1600m) à Petra Piana (1840m) : 1000m de dénivelé (760m de descente) sur 9,2 km, prévu en 5h.
Et bon anniversaire à Audrey la témoin 😉