Vendredi 28 juillet
La nuit a été venteuse et nous découvrons au réveil que le matelas de Michaël est à plat. Nous ne nous attardons pas autant qu’hier au refuge, d’autant plus que nous avons une étape à doubler aujourd’hui ! (Nous ne vous mettons pas comme hier de photo de Mathilde étalant une demi-livre de beurre sur sa tartine, mais nous avons quand même pris un petit-déjeuner, rassurez-vous !)
Après avoir demandé le chemin de départ à 2 ou 3 reprises, vérifié sur la boussole et sur les descriptifs du guide, nous entamons l’étape 5. Un kilomètre plus bas, aux bergeries d’u Vallone (plus loin que nous l’imaginions !), nous croisons un couple venant de Grenoble qui nous accompagne un petit moment. Par rapport au GR5 (Alpes), ils trouvent ce parcours plus difficile et surtout plus « sauvage ».
Cette étape est assez facile pendant 3 kilomètres puis se corse sur 2 derniers avec une remontée de l’altitude 1400m à plus de 2000m, comportant quelques passages où il apparait nécessaire pour notre survie de ranger nos bâtons de randonnée pour s’accrocher manuellement aux rochers (oui, si vous avez fait le calcul, ça donne une pente à 30 % dans une étape facile – pourquoi pas après tout).
Nous arrivons à Ciottulu di I Mori un peu avant midi. Nous y rencontrons des randonneurs très joviaux (qui ont commencé à l’étape 3 et vont à Vizzavona). Ils sont pris d’un énorme fou rire quand on leur annonce que c’est notre voyage de noces !
« Si vous résistez à ça, vous êtes bons pour les 80 prochaines années de vie commune ! »
Nous repartons une heure plus tard en direction de Manganu… à plus de 25 km de là ! Il s’agit d’une étape longue qui présente un peu tous les « atouts » du sentier : un début en crête, une descente assez facile dans des cailloux de 2000m à 1400m (en 5 km), un plateau avec de nombreux points d’eau (ou pozzines), une rivière à longer et traverser et une remontée en sentier forestier ensuite (de 1400m à 1800m en 4 km).
Ce qui nous achève est le topo-guide… Alors que nous avons avancé à bonne allure pendant 3h, sur la descente et le plateau, nos 2 guides papiers (oui, nous en avons pris 2) annoncent que cela se fait en 2h ! DEUX HEURES ?! Pour plus de 8 km. Mais sérieusement, ils le font en deltaplane le GR20 ou comment ça se passe ?
Dans le bois, après le premier tiers de cette deuxième étape du jour, Mathilde commence donc à envisager de ralentir et de ne faire qu’une étape par jour. Nous pourrions annuler les hôtels et arrêter de faire semblant de vouloir doubler les étapes, alors que nous en sommes manifestement incapables… Nous pourrions aussi descendre tranquillement jusqu’à Vizzavona et se contenter de la portion Nord du GR20. Ca ne serait pas exactement le voyage de noces que nous avions prévu, mais est-ce vraiment important ? Est-ce qu’on marche pour notre satisfaction personnelle, par pur masochisme, ou pour tenir nos lecteurs en haleine sur notre blog 6 semaines après notre retour ?
Nous gardons quand même espoir, parce que le guide nous annonce cette étape comme un « avant-goût » de celles du Sud… la même difficulté mais en plus court, voilà qui nous semble jouable !
Rien n’est perdu – sauf peut-être l’ongle de petit orteil de Mathilde. Nous avons en effet de plus en plus mal aux pieds, ce qui se comprend aisément après avoir parcouru environ 20 km (selon l’iPhone qui sert d’appareil photo, de caméscope, d’altimètre, de torche – bref, de tout sauf de téléphone par manque de réseau – et que nous chargeons chaque soir avec notre indispensable chargeur externe !)
Nous en sommes là de notre incompréhension et de notre désarroi, et c’est alors que nous la voyons…
La route ! La première depuis mardi matin !
https://www.youtube.com/watch?v=beY-ndphzUo
Vidéo rare de randonneurs du GR20 arrivant à Castel.
Nous voici arrivés à Castel di Vergio un peu avant 17h (5,3 étapes en 4 jours). Après une légère hésitation, nous louons une chambre d’hôtel. C’est 8 fois plus cher qu’une nuit en bivouac derrière l’hôtel… mais après la douche froide et la nuit blanche sur un matelas crevé hier, nous avions 8 fois plus envie d’une douche chaude et d’une nuit pleine sur un vrai matelas (non percé).
Une bonne douche, un bon restaurant (où nous retrouvons quelques randonneurs croisés hier, près du Monte Cintu, au refuge, et ceux de ce matin) et une bonne nuit… Finalement, nous l’avions bien dit que c’était des vacances ! Petite cerise sur le gâteau du réconfort : au restaurant, le serveur nous dit qu’il y a une erreur dans le guide… il manque au moins une heure !
Voilà pour aujourd’hui… Demain, nous vous raconterons comment la Redoute nous a remis en contact avec nos familles !
D’après les guides clairement rédigés sous l’emprise de fraises tagada magiques
Etape 5 : De Tighjettu (1683m) à Ciottulu di i Mori (1991m) : 810m de dénivelé (480m de descente) sur 7,1 km, prévu en 4h environ.
Etape 6 (en cours) : De Ciottulu di i Mori (1991m) à Manganu (1600m) : 1100m de dénivelé (1450m de descente) sur 25,6 km (!), prévu en 9h.